THOLANCE Louis Marie

Informations

Origine
Né le17/5/1895
Décédé le25/9/1915
SexeHomme

Signes particuliers :

Lieu de naissance : Saint-Pierre de Rumilly (74)
Lieu d'enterrement : Angres (62)
HISTORIQUE



Livret âeditâe par l'institution militaire áa la fin de la guerre, ce qui explique le ton hâeroèiq
ue, parfois excessif, choisi par son auteur.

Recopiâe par Philippe MAU…. merci áa lui





SOMMAIRE

1913

1914

1915

1916

1917

1918


SA FORMATION

Formâe en juin 1913 de 5 Compagnies venues de 5 Bataillons diffâerents, le 31áeme est groupâe dan
s les baraquements de Corcieux, village perdu

N'importe, dáes le dâebut de son existence, la fusion est compláete et le Bataillon frappe par s
a tenue remarquable et son alerte application. Au premier jour de la Campagne, son attitude s
era magnifique. C'est que ses Officiers et ses Cadres, chasseurs convaincus, sont animâes de l
'amour-propre rayonnant, du feu sacrâe communicatif qui donnent áa tous, d'abord, la fiertâe d
e leur Bataillon. C'est que ces Officiers formâes áa la frontiáere, sentent, eux, que la menac
e est flagrante, que la guerre est fatale.

Apãotres de l’¶uvre de salut national, ils faðconnent avec passion les unitâes áa la tãete desquel
les ils sauteront prochainement áa la gorge de l'envahisseur.

C'est qu'enfin, ils ont un Chef, le Commandant Hennequin, dont l'âenergie domine et guide tout
es les autres - sa conviction profonde de l'urgence de l'effort, sa confiance dans le succáe
s illuminent la foi du 31áeme Bataillon.
LES VOSGES : 1914


l va áa une guerre qu'il sait fort rude, sans merci ; mais il sait
u monde ne peut dâepasser sa volontâe de faire bien, sa râesolution de produire tous les efforts
, de consentir tous les sacrifices.



Le 2 aoãut, il prend dans la râegion de Coinches ses positions de couverture.

Une reconnaissance audacieuse, conduite par un sergent alsacien s'infiltrant par des sentier
s dâetournâes dans les lignes ennemies, pâenáetre jusqu'en
e le premier prisonnier de la campagne.

Le 3 aoãut, le Bataillon reðcoit l'ordre d'attaquer le Col de Sainte-Marie. Apráes une marche d'
approche sous les bois de hãetres et de sapins, la Compagnie d'avant-garde arrive au Col qui s
e prâesente áa elle, dominâe, au nord par le Chãateau de Fãete, au sud par le Hochsbruck d'oáu par
t une violente fusillade. Les deux Compagnies suivantes se dâeploient et s'âelancent sur les pe
ntes: la 4áeme occupe le Chãateau de Fãete, la 5áeme, dâelogeant l'ennemi du Hochsbruck, prend pos
ition sur un mamelon qui domine Sainte-Marie. Les pertes ont âetâe lâegáeres.

Pendant ce temps, la 1áere Compagnie a âetâe dâetachâee vers le nord, avec mission d'occuper le Re
nclos des Vaches. Mais l'ennemi y est retranchâe dans des positions garnies de mitrailleuses
. Sous une grãele de balles, malgrâe la pente abrupte, le Capitaine Mâery entraãine les tirailleu
rs de sa section de tãete : les hommes tombent, le Capitaine s'abat, mortellement atteint.

Le Sous-lieutenant Rondeau engage une deuxiáeme section, lui-mãeme est tuâe ; le mouvement es
t áa nouveau arrãetâe. Le seul Officier restant enláeve alors áa la baèionnette les sections dispon
ibles ; une fois de plus, l'âelan est brisâe par le tir prâecis des mitrailleuses. La 4áeme accou
rant du Col, attaque encore, est encore repoussâee avec de lourdes pertes.


. Leurs hommes dâeclareront que les Allemands ont criblâe
s restâes blessâes sur le terrain.



Láa, il aborde la frontiáere, le poteau frontiáere, morceau de bois bariolâe, ridicule, qu'un dâes
astre et une voracitâe insatiable áa vue courte, ont jetâe entre nous et les nãotres : les Alsaci
ens et les Lorrains. Les nãotres qui nous furent arrachâes malgrâe leurs larmes, leur sombre dâes
espoir ou leurs protestations indignâees. Les nãotres dont les plaintes, les appels, nous metta
ient le rouge au front, la rage au c¶ur.


, n'a plus de sens áa prâesent qu'il s'est abattu, sous le brodequin ferrâe du premier chasseu
r áa pied. Une âemotion subite, poignante, âetreint le Bataillon tout entier - les láevres sont m
uettes, serrâees, les paupiáeres retiennent les larmes. Et puis l'heure des râealitâes sonne áa co
ups prâecipitâes. Officiers et Chasseurs se retrouvent ãaprement appliquâes áa l’¶uvre de salut
, áa l’¶uvre de dâelivrance.

En avant…..

Le 31áeme passe le Col de Saales, entre en Alsace et descend en flanc-garde de la Division l
a vallâee de la Bruche, traverse Rothau et Schirmeck oáu la population l'accueille avec un enth
ousiasme indescriptible. Dirigâe vers la râegion du Donon, le Bataillon abat pendant sa march
e un avion ennemi

.

Le 21, il reðcoit mission de reprendre en liaison avec la 1áere Division Coloniale le Col de Sa
int-Lâeon. En une charge endiablâee, rivalisant de furie, áa la baèionnette et áa la crosse, marso
uins et chasseurs, sans souci des pertes, traversent le col áa toute allure, laissant derriáer
e eux un terrain jonchâe de cadavres et de blessâes ennemis.

L'action a durâe un quart d'heure. Les Compagnies de râeserve n'ont pas eu áa intervenir.


LA RETRAITE.


, ont fait câeder la ligne ; le 31áeme reðcoit l'ordre de se replier. Surprise terrible apráes l
a ruâee victorieuse de la veille. âEpreuve passagáere probablement.

Pourtant, les jours suivants, c'est bien la retraite, du moins un repli profond. Cirey, Angom
ont, Badonvillers, la Meurthe, la Mortagne.

Au demeurant, rudes combats d'arriáere-garde qui tiennent l'ennemi en respect ; masses alleman
des de plus en plus fortes, soutenues par une artillerie dont la puissance surprend ; marche
s rapides qui âepuisent.

Les beaux villages qui flambent ; les malheureux qui fuient, femmes, enfants áa peine vãetus, t
irant ou portant la harde et le pain hãativement serrâes ; ceux qui restent et nous supplient d
e ne pas les abandonner : tout ajoute áa l'horrible fatigue, áa la stupeur oáu jette les homme
s cette retraite indâefinie.

Mais ceux qui conduisent les unitâes savent, et la masse sent confusâement que ce recul est u
n incident dans la bataille immense, et que tout effort droit devant soi concourt au succáes g
âenâeral. Enfin, il y a chez tous l'accumulation de haine et de dâegoãut qu'apportent les fumâee
s d'incendie, les abominables traits de sauvagerie racontâes par les fuyards horrifiâes. Et tou
s les gestes de cette troupe en retraite sont marquâes d'une râesolution muette, obstinâee, recu
eillie jusqu'áa la ferveur.

Le 24 áa Saint-Maurice

Le 26 áa Baccarat, avec la D. I., toute entiáere, le 31áeme attaque áa fond, obligeant áa un temp
s d'arrãet un ennemi puissant. Il faut encore se replier, atteindre Saint-Benoãit.

Et puis, c'est la Chipotte, ligne de faãite entre Meurthe et Mortagne et route de premiáere imp
ortance. L'ennemi est victorieux, râesolu, pressâe d'aboutir. Ses "drachens" monstrueux nous do
minent ; ses piáeces áa longue portâee, fouillant les ravins, semblent deviner nos retraites ; m
ais la position est essentielle, elle ne doit pas tomber. Six Bataillons de chasseurs auron
t l'honneur de râesister láa en attaquant.

Le 30, 5 Bataillons sont engagâes : le lendemain, c'est le tour du 31áeme. Sous les grands sapi
ns clairsemâes, un premier assaut du Bataillon est fauchâe dans son âelan par les balles serrâees
. Deux 75 amenâes en hãate, áa bras d'homme, tirent de plein fouet sur la premiáere ligne, dont l
es dâefenseurs cáedent áa une nouvelle ruâee des nãotres. Plusieurs tentatives sur une deuxiáeme li
gne sont impuissantes sous les feux des mitrailleuses. On s'ancre au terrain.

Dáes lors, c'est la dâefense ãaprement obstinâee, indomptables patrouilles audacieuses, attaque
s incessantes, sous bois perfides, coups de feu d'âecharpe, áa revers ; toutes les rudesses d
e la bataille et toutes les inquiâetudes. Ce qui se passe ailleurs? Nul ne le sait. Un vague b
ruit nous apprend la chute de Manonvillers !! La prâesence de cavaliers allemands dans la Forãe
t de Compiáegne !! Contingences.

Sur les cadavres ennemis, on ramasse des lettres et cartes postales. âEcrites par des fiancâees
, des âepouses, des máeres, toutes redisent en un ch¶ur cynique : " Allez dâetruire les Gauloi
s "

Cruautâe basse et folle prâesomption. S'indigner serait vain, vaincre est essentiel. Et dans l
e prâesent, áa la Chipotte, l'Allemagne ne foulera pas plus avant la terre des Gaules.


LA MARNE. - LA POURSUITE. - LA CHAMPAGNE. sept 1914

-
a Champagne pouilleuse, sans eau sous le soleil de plomb, par des âetapes tráes dures, il se je
tte sur les traces de l'ennemi battu áa la Marne.

-
amasse des blessâes nombreux. La Brigade s'empare de Suippes qui flambe, et continue la poursu
ite dans la nuit rouge d'incendies.

Ceci dans l'ineffable joie de la dâelivrance et l'ivresse de la victoire, « La Patrie est sauv
âee , mais aussi dans la fourbure physique, la chaleur cruelle et presque la faim.

Puis toute la division se butte aux positions de Souain qui râesistent áa nos attaques râepâetâees
. L'ennemi est fortement âetabli, le lacis de ses tranchâees marquâe par la blancheur âeclatant
e des parapets crayeux vient nous barrer la route. On se retranche hãativement aux abords de c
ette ligne.

Cependant, le 24, on tente de rompre le barrage : 3 Compagnies du 31áeme enláevent le Moulin d
e Souain, font des prisonniers, conservent le terrain conquis malgrâe le tir d'âecharpe de l'ar
tillerie qui leur fait perdre 100 hommes.

Le 27, profitant du brouillard, les tirailleurs et les colonnes par quatre de l'ennemi râeussi
ssent áa reprendre le Moulin, mais ils ne peuvent faire un pas de plus et subissent de grosse
s pertes.


LA COURSE A LA MER : CARENCY ; oct 1914


s le nord et, dans le brouillard, marche au canon, vite car le temps presse.

Le 8, succâedant aux bataillons qui ont âechouâe la veille, le 31áeme attaque Carency, râeussi
t áa y prendre pied ; mais violemment contre-attaquâe, doit se replier.

La rage au coeur, le Caporal Poupon, de la 4áeme compagnie, refuse de quitter ce village de Fr
ance si vaillamment reconquis. L'ennemi est áa 20 máetres, qu'importe. Il accepte de mourir ! J
usque-láa, de toutes ses forces, il tuera. Et debout, muet, impassible, il vise, tire ; une, b
alle au c¶ur l'âetend raide mort, mais indomptâe.

Une nouvelle poussâee ennemie, enlevâee par le son lugubre des fifres et des clairons, est arrãe
tâee sur la croupe nord-ouest du village oáu l'Adjudant Hacquard, debout, dirige, magnifiquemen
t calme, le feu de sa section.

Le lendemain, avec le 10áeme Bataillon, le 31áeme repart sur le village oáu il pâenáetre áa nouveau
. Dans la brume âepaisse, on se bat áa bout portant, on se fusille de maison áa maison, de fenãet
re áa fenãetre, mais on progresse quand mãeme. A hauteur de l'âeglise, il faut cependant s'arrãete
r, l'organisation est trop forte.

La 4áeme Compagnie, pour sa belle conduite, est citâee áa l'ordre de la 10áeme Armâee

" S'est emparâee de la partie basse de Carency ; s'y est maintenue et fortifiâee malgrâe les feu
x violents de l'ennemi ; S’est distinguâee dâejáa dans quatre affaires."



Mais les pertes sont telles que c'est râeduit áa 4 Compagnies que le Bataillon, sous le feu d
e l'artillerie lourde, doit organiser le terrain conquis.

Il reðcoit enfin, le 20 octobre, un renfort de 500 hommes qui assistent, tout vibrants, áa la r
emise par le Gâenâeral de Maud'huy, de la Mâedaille Militaire au Drapeau des Chasseurs, le premi
er de tous qui, áa cãotâe du rouge, ait portâe le ruban jaune et vert.
L'YSER : nov 1914

Retirâee de la lutte, le 29 octobre, la 43áeme D. I., en camions, gagne rapidement la Belgique.

Le 1er novembre, le 31áeme attaque aux abords de Saint-Eloi, fait des prisonniers. Láa, c'est l
a ruâee massive, tãete baissâee, de l'ennemi qui, ayant manquâe la victoire, veut au moins râealis
er un large succáes local et tenter la mainmise sur Calais. C'est aussi chez nous le sens tráe
s net de ce danger. L'effort de la Chipotte est reproduit dans la brume et les marais du Nord
, sous des attaques de plus grande envergure, prâeparâees par des feux d'artillerie d'une viole
nce inconnue jusqu'ici.

Dangereusement âetirâe sur un grand front, le Bataillon tenace gardera, láa encore, l'intâegralit
âe de la ligne et verra s'augmenter devant lui, 10 jours durant, le nombre des cadavres ennemi
s.

C'est, du reste, au prix de pertes âelevâees et d'âepuisement total.

Descendus au repos le 10 novembre, les chasseurs passeront devant Ypres deux autres pâeriode
s tráes dures.
LORETTE : 1915

Le 6 dâecembre, le Bataillon est relevâe. Depuis le 25 novembre, le commandant de Lalene-Laprad
e a remplacâe áa sa tãete le Commandant Hennequin, appelâe áa l'Etat-major de la 8áeme Armâee.

On regagne, par des âetapes accablantes, la râegion de Bouvigny oáu l'on exâecute une sâerie de tr
avaux tráes pâenibles, subissant journellement des pertes par le bombardement.

C'est le 22 janvier que le Bataillon monte pour la premiáere fois dans le secteur nord de la C
olline de Notre-Dame-de-Lorette. La vie y est rude : on est au contact, áa 50 máetres ; les gue
tteurs sont áa l'affãut áa 15 máetres. Regarder par-dessus le parapet, c'est la mort : partout l
a balle vous guette, claque, va chercher les tãetes mãeme derriáere les crâeneaux. Et l'on contin
ue de se rapprocher.

Le Plateau est battu terriblement, sans râepit. Obus de tous calibres, en rafales rageuses o
u par coups râeguliers qui semblent rythmer l’¶uvre de mort ; bombes et torpilles, engins nouv
eau-nâes dont le fracas dâechirant tord douloureusement les nerfs, trouble des cervelles. Chaqu
e jour, on reláeve des morts et des blessâes nombreux.

Le 28 fâevrier, des bruits de travaux souterrains sont perðcus ; le bombardement devient plus v
iolent.

Le 1er mars, il est formidable, les tranchâees sont bouleversâees, partout des tuâes et des ense
velis. A deux reprises, l'ennemi tout proche a pu voir, stupâefiâe, áa la lueur rouge des âeclate
ments, des hommes travaillant dans l'âepaisse fumâee.

C'est le Lieutenant Sâebastia, Commandant la 6áeme Compagnie et ses hommes qui, áa la sape 5 âecr
asâee de torpilles, secourent leurs camarades deux fois enterrâes. Le Commandant de Lalene-Lapr
ade, avanðcant dans le feu, monte lui-mãeme áa la sape 5 ; il y voit les chasseurs calmes et râes
olus, prãets áa recevoir l'ennemi.

Le 3 mars, le Bataillon en partie descendu áa Bouvigny et Marqueilles a encore en secteur 3 Co
mpagnies : les 2áeme et 3áeme en premiáere ligne sentant les mines sous leurs pieds, la 5áeme e
n râeserve.

A 6 heures, dominant formidablement le tonnerre du feu roulant, les cratáeres s'ouvrent, pui
s laissent retomber avec une pluie de pierre, des corps et des membres sanglants. La masse d
e trois râegiments ennemis se prâecipite : arrãetâes de face par les survivants des 2áeme et 3áem
e Compagnies, les Allemands, qui ont pu pâenâetrer dans le secteur voisin, dâebouchent dans leu
r dos.

Saisissant l'arme qu'ils trouvent, la hache, la pioche ou le couteau, les chasseurs s'accroch
ent aux assaillants qu'ils âetreignent en un corps áa corps sans merci ; mais sous le nombre, i
l faut succomber.

Seuls, quelques isolâes et quelques petits groupes sont ralliâes par le Capitaine de Boishue, g
riáevement blessâe et restâe quand mãeme áa son poste, et qui les dâegagera malgrâe la fusillade qu
i les poursuit et les abat.

Le reste du Bataillon remonte aussitãot pour contre-attaquer ; en liaison áa droite avec le 10
e Bataillon, áa gauche avec le 149áeme
e boyau 6. Mais la prâeparation d'artillerie est insuffisante : sous les feux de l'Infanteri
e allemande, qui n'a pas souffert et sous les tirs d'âecharpe, on ne peut conquâerir que cent m
áetres.

L'attaque est reprise le lendemain 4 mars. A 16 heures, mâeprisant l'extrãeme violence du tir d
e contre-prâeparation, les chasseurs bondissent sur le parapet, puis s'âelancent, superbement
, enlevâes par le capitaine Dubarle et le Chef de Bataillon. Mais le tir de barrage, les feu
x de mitrailleuses sont trop meurtriers. En trois quarts d'heure, le Bataillon ne progresse q
ue de 100 máetres et subit des pertes graves.

Le Commandant revient áa ses Compagnies de râeserve (1áere et 6áeme )

«
, sous la protection des mitrailleuses servies par des Officiers, il enláeve cette vague nouve
lle qui dâepasse la premiáere, gagne elle aussi du terrain, de trou d'obus en trou d'obus. Mai
s c'est encore de la lenteur extrãeme, malgrâe l'hâeroèisme dâeployâe ; le succáes ou mãeme le râesult
at limitâe n'apparaissent pas.

Alors, ce Chef de courage intrâepide, de râesolution sublime, le Commandant de Laprade, jette d
ans la balance tout son âelan personnel, toute son âenergie rayonnante':

«

« 31áeme

Et ces dâebris d'unitâe, qu'une parole, qu'un geste âelectrisent, insoucieux de l'horreur et d
e la mort âetalâees, se ruent tãete baissâee en une charge de chasseurs áa pied, abordent dans le
s tranchâees l'ennemi stupâefiâe, le bousculent et lui font 70 prisonniers. Puis, poursuivant l'
avance áa une allure endiablâee qui entraãine les Corps voisins, ils atteignent la tranchâee du G
ros Arbre et ses sapes oáu s'engage une terrible lutte.

Le lieutenant Bertrand, Commandant la 1áere Compagnie, est tuâe au moment oáu il vient de dâechar
ger sur un groupe d'Allemands deux revolvers qu'il tient un dans chaque main. Le Lieutenant S
âebastia, Commandant la 6áeme Compagnie est griáevement blessâe.

Sans renfort, non soutenues, les unitâes organisent la nouvelle ligne, nettoient les boyaux vo
isins, continuent de faire des prisonniers.

Les chasseurs redescendent dans la nuit du 5 au 6, glorieux et fiers, tout de mãeme attristâe
s par la perte de tant de camarades.

Ceux de la 4áeme Compagnie sont particuliáerement affectâes : leur Chef, le Capitaine Dubarle es
t tuâe. Figure rayonnante - beautâe morale - áa laquelle on n'atteint guáere, le Capitaine Dubarl
e âetait vraiment l'ãame de cette unitâe dont il avait gagnâe l'esprit et le c¶ur par sa sollicit
ude affectueuse, son sens exact des situations, son indomptable âenergie et son irrâesistible e
xemple. La 4áeme Compagnie et
us militaires.



Le Bataillon est fâelicitâe par son Commandant :

« Le Bataillon a repris l'offensive dans un âelan magnifique qui marquera une heure de gloir
e inoubliable dans son histoire et dans le coeur de ceux qui l'ont vâecue.Il peut ãetre fier d
e ces dures journâees au cours desquelles il a montrâe une tâenacitâe et un âelan admirâes de tou
s et oáu il a perdu glorieusement la fleur de ses cadres et de ses chasseurs. Le souvenir de c
es braves restera tout le temps parmi nous et l'exemple qu'ils nous ont donnâe ne sera pas per
du.

Chasseurs du 31áeme ,votre Commandant vous remercie et compte sur vous dans l'avenir comme dan
s le passâe. Dans la lutte que nous soutenons victorieusement depuis sept mois contre un ennem
i qui perd de plus en plus chaque jour l'espoir du succáes, les Chasseurs áa pied, arme d'âelite
, doivent « ãetre les premiers artisans de la victoire nâecessaire, certaine, inâeluctable.

Pour l'obtenir, toutes les âenergies doivent ãetre mises en oeuvre, tous les sacrifices peuven
t vous ãetre demandâes. Vous avez dâejáa vu l'ennemi, jetant ses armes, fuir devant vous. Rappele
z-vous au jour de la prochaine Bataille et n'ayez qu'une idâee, l'aborder bravement áa la baèion
nette, áa la Franðcaise.



On dâefile devant le Gâenâeral de Maud'huy, Commandant l'Armâee, on reðcoit des râecompenses. Un fr
isson d'orgueil court dans les veines des chasseurs : le Bataillon est citâe áa l'ordre de la 1
0áeme Armâee

« Le 31áeme

Pendant les journâees des 3-4 et 5 mars s'est couvert de gloire en contre-attaquant áa plusieur
s reprises un ennemi qui avait forcâe une partie de nos retranchements du Plateau de Notre-Dam
e-de-Lorette ; lui a repris cinq lignes de tranchâees successives et fait de nombreux prisonni
ers. A âetâe retirâe du feu apráes avoir eu 9 officiers, 58 Sous-Officiers et 643 hommes hors d
e combat.



A peine reposâe par un sâejour áa Chelers, le Bataillon remonte au Plateau de Lorette, toujour
s pour attaquer, sur le Fond de Buval cette fois. On est plein d'espoir. Apráes une marche d'a
pproche dans le Bois d' Aix-Noulettes, les Compagnies de tãete dâebouchent pour prendre positio
n. Un feu extrãemement violent les accueille. Debout sur la plaine, dans les balles et les obu
s, le Commandant de Lalene-Laprade regarde, infiniment triste, ses chasseurs tomber avant l'a
ttaque.

Le 10 mai, áa 4 heures, áa la sonnerie de la charge, les 2áeme et 3áeme Compagnies s'âelancent ; f
auchâees par les mitrailleuses, âecrasâees par l'artillerie, elles sont arrãetâees.

Le 11, áa la mãeme heure, les Compagnies de tãete renouvellent l'attaque, mais, prises comme cel
les de la veille sous un feu terrible, elles sont, elles aussi, une fois de plus clouâees au s
ol.

Comme au 4 mars, le Commandant de Laprade fait sonner la charge, enláeve ses unitâes de râeserve
.

Un obus : le Commandant est tuâe.

Il est tombâe áa la tãete de ses Chasseurs qu'il aimait tant, le Chef magnifique, le soldat âener
gique et indomptable, au patriotisme ardent, áa la foi inâebranlable dans la saintetâe de la cau
se et la certitude du succáes, et dont la bravoure sublime imposait áa tous une religieuse admi
ration. Il est fauchâe en plein âelan, en donnant magnifiquement l'ultime exemple de l'action f
arouchement râesolue et du sacrifice.

Une vague de tristesse est passâee sur le Bataillon.

La lutte continue acharnâee, les Chasseurs, la rage au c¶ur, meurent sans pouvoir avancer.

Seul, un petit groupe a pu s'emparer d'une sape, oáu compláetement isolâe, il se maintiendra hâer
oèiquement 36 heures durant.

12 Officiers (6 tuâes, 6 blessâes), 21 sous-officiers, 466 caporaux et Chasseurs viennent de to
mber.



Le Commandant de Laláene-Laprade est citâe áa l'Ordre de l'Armâee .

« Officier de la plus haute valeur, d'une bravoure comunicative. Tuâe glorieusement áa la tãet
e de son bataillon qu'il

entraãinait áa l'attaque des tranchâees ennemies.



Le Capitaine Doudeuil avait pris le commandement du Bataillon oáu lui succâederont le Capitain
e Delacroix, le Commandant Garcin et enfin le Commandant Perrin.

Quelques jours plus tard, le Bataillon remontait áa nouveau.

Depuis 4 mois, il âetait en secteur áa Notre-Dame de Lorette.

Pendant 6 mois encore, il reprendra sa lourde tãache au plateau dont le nom revient chaque jou
r au communiquâe.

Attaquant sans cesse, sans cesse attaquâes : attaques de grande envergure oáu les gains se comp
tent par 100 máetres, attaques de Compagnie, de section, pour prendre, reprendre une tãete de s
ape, un barrage. Luttant au milieu des cadavres, dans les fils de fer et les boyaux, áa la mit
railleuse qui âetend net des Compagnies entiáeres, áa la grenade, parfois mãeme au couteau, âecras
âes constamment sous un dâeluge d'obus, de bombes et de torpilles, brisâes de fatigue par la rec
onstruction incessante des tranchâees sans cesse comblâees par les projectiles, les Chasseurs a
vec une acceptation stoèique remonteront toujours, toujours, au Plateau oáu tant de leurs camar
ades demeurent âetendus, oáu ils tomberont eux-mãemes pour un dixiáeme en pâeriode calme, pour moi
tiâe au jour d'attaque ; au plateau qu'ils regagnent sous le paquetage âecrasant, áa peine remi
s du douloureux âepuisement du prâecâedent sâejour ; sâejour d'oáu, boueux, perclus, la tãete vide
, hallucinâes, ils revenaient dans la nuit noire en thâeories lamentables, áa travers le lacis i
nterminable des boyaux âetroits, souvent pleins d'eau et toujours battus par les piáeces ennemi
es ; au plateau oáu la terre bouleversâee ne peut plus garder les morts qui partout montrent le
urs cãotes dâecharnâees, agitent hors des parapets de longs fâemurs blanchis, des membres pourris
sants, et dont les crãanes, oáu tiennent encore quelques touffes de cheveux, servent parfois d'
oreillers aux vivants qui se râeveillent en frissonnant.



Dâejáa janvier et fâevrier avaient âetâe tráes durs. Outre les pertes journaliáeres :




3 Chasseurs pour garder quelques máetres de terre franðcaise, les chasseurs
er



Les 9-10-11 mai avait coãutâe au Bataillon 12 Officiers, 21

Le 15 mai avait coãutâe au Bataillon 40 Chasseurs

Le 25 mai avait coãutâe au Bataillon 5

Du 15 au 20 juin, attaque franðcaise (60 máetres de terrain), 3 Officiers, 25 Sous-Officiers, 3
20 Chasseurs

Du 2au 5 juillet : 128 Chasseurs (sâerie d'attaques allemandes)

Du 21 au 29 juillet : 15 Chasseurs

Du 21 aoãut au 3 septembre : secteur est calme : 33 Chasseurs

25 et 26 septembre : Attaque gâenâerale : 14 Officiers, 45 Sous-Officiers, 447 Chasseurs

Du 30 septembre au 5 oct. 3 Officiers, 7 Sous-Officiers, 128 Chasseurs

Du 11 au 18 oct. : attaques allemandes : 1 Officiers, 14 Sous-Officiers, 114 Chasseurs







Et pourtant, dans cette effroyable tuerie, dans cet enfer, dans ce chaos, se renouvelle chaqu
e jour le miracle de l'âenergie lucide, active, indomptable.

C'est qu'au milieu des chasseurs il y a les cadres, calmes, intrâepides, qui sourient áa la mis
áere atroce, áa l'horreur âetalâee, et dont le gâenâereux exemple groupera, entraãinera toujours tou
s les hommes de c¶ur. C'est aussi, chacun le sent, qu'il faut, au prix de cette farouche âetre
inte, contenir un ennemi formidablement armâe, jusqu'au jour oáu les usines de l'intâerieur nou
s auront enfin pourvus des canons et des engins qui rendront notre tãache moins cruellement co
ãuteuse et qui permettront plus tard d'intervertir les rãoles.

Le Capitaine Delacroix, nommâe chef de Bataillon, avait succâedâe au Commandant Perrin, l'homm
e áa la foi rayonnante, áa l'esprit de devoir total, qui pendant cette pâeriode de sacrifices in
dâefiniment consentis, avait soutenu, reformâe, conduit superbement le 31áeme Bataillon.



Il âetait áa sa mort l'objet d'une citation áa l'ordre de l'armâee.

« Officier supâerieur d'une grande valeur militaire et d'un courage áa toute âepreuve. A dirig
âe avec beaucoup de coup d'oeil et de sang-froid les attaques de son bataillon dans les journâe
es des 25 et 26 septembre et a compláetement rempli la mission qui lui âetait confiâee. Tuâe glor
ieusement áa son poste de commandement le 2 octobre 1915. Citâe trois fois áa l'ordre de l'Armâee



Le Bataillon qui, aux attaques de septembre, partant dans un âelan admirable, chantant la Sidi
-Brahim, avait gagnâe les lisiáeres du Bois en Hache, apráes des alternatives d'avance et de rec
ul ; qui le 26 s'âetait râeemparâe, malgrâe ses pertes sanglantes, de la moitiâe du Bois en Hache
, arrãetant ensuite toutes les attaques en force ou par surprise de l'ennemi, partageait ave
c les autres troupes du Nord et de Champagne, les fâelicitations du Gâenâeral Commandant en Che
f :

« Le Gâenâeral Commandant en Chef adresse aux troupes sous ses ordres l'expression de sa satisf
action profonde pour les râesultats obtenus jusqu'áa ce jour dans les attaques. 25.000 prisonni
ers, 350 Officiers, 150 canons, un matâeriel qu'on n'a pu encore dâenombrer sont les trophâees d
'une victoire dont le retentissement en Europe a donnâe la mesure.

Aucun des sacrifices consentis n'a âetâe vain. Tous ont su concourir áa la tãache commune. Le prâe
sent nous est un sãur garant de l'avenir. Le Commandant en Chef est fier de commander aux trou
pes les plus belles que la France ait jamais connues



Le 21 novembre, le Bataillon monte dans le secteur sud de Notre-Dame-de-Lorette. C'est le cal
me dans la boue glacâee des boyaux âeboulâes, inexistants. Il alterne láa avec le 1er.

Le 8 janvier 1916, le 31áeme s'embarquant en autos áa Hersin quitte le secteur de Lorette oáu i
l âetait montâe le 22 janvier 1915.

La Division venait de dâefiler devant le Gâenâeral d'Urbal, Commandant la 10áeme armâee, qui lui a
vait exprimâe sa satisfaction pour le magnifique rãole rempli au plateau et ses regrets de la v
oir partir.


VERDUN 1916

Enlevâe par autos le 8 janvier áa Hersin, le Bataillon cantonne áa Hautvillers (Camp de Saint-Ri
quier) puis dans la râegion de Hesdain.

Le 25 fâevrier, il est transportâe en chemin de fer áa Mussey, dans la Meuse, et va cantonne
r áa Loupy-le-Petit.

Le 7 mars, il remonte en autos ; le 8, il est áa Haudainville, d'ou il se porte le 9 au Fort d
e Tavannes.

Il entre alors dans la zone de ruines et de mort : les entonnoirs sont jointifs, la terre es
t partout bouleversâee, les arbres sont brisâes, anâeantis. Les boyaux arrivent au genou, les tr
anchâees sont des trous reliâes áa la hãate, les dâefenses accessoires n'existent pas.

C'est la guerre áa l'air libre, en rase campagne, sous le pilonnage effroyable, âeternel. Dan
s l'infernal fracas, dans les obus qui frãolent, bousculent et tuent, la tranchâee se comble, l
es armes se brisent, les munitions s'enlisent, les hommes meurent un áa un. Mais fidáeles dâepos
itaires de la volontâe sacrâee de ceux qui gisent áa leurs cãotâes, ceux qui demeurent creusent, r
âeparent le fossâe tutâelaire, nettoient l'arme et les grenades qui tueront quand la ruâee du Boc
he suivra l'horrible rafale de fer. Et il semble que rayonne au front de ceux qui vont et qu
i reviennent et de ceux qui font tãete, une aurâeole d'acceptation, de râesolution, de grandeu
r plus qu'humaines.

Le Bataillon lui aussi apporte sa pierre áa la digue sacrâee sur qui les vagues monstrueuses s'
âecraseront en vain les unes apráes les autres

Le 10, il est au Fort de Vaux qu'il trouve enfin apráes avoir errâe toute la nuit dans le dâeser
t des entonnoirs. Le dâeluge de fer bat la carapace de bâeton, les morts s'amoncellent au creu
x des fossâes.

Le 14 au soir, il reláeve au nord-ouest du Fort les âelâements restants des 3áeme et 1er Bataillo
ns. Les tranchâees sont ruinâees ou seulement âebauchâees. On travaille ferme malgrâe la fusillad
e de l'ennemi, ses barrages incessants et les incursions de ses reconnaissances.

Recru de fatigue, le Bataillon doit ãetre relevâe dans la nuit du 16 au 17.

Mais vers le soir, le bombardement prend brusquement une violence inouèie et 2 heures apráes, l
'ennemi se prâecipite sur nous: Il est rudement accueilli : rageusement, áa la grenade, les cha
sseurs âetalent les premiers assaillants sur le parapet, fauchent l'âelan des suivants.

Les Compagnies, enfin relevâees, descendent áa la caserne Bâevaux. Restâe en lignes un jour de pl
us, ayant pris part áa l'attaque d'un corps voisin et brillamment enlevâe 150 máetres de tranchâe
es, le peloton des pionniers rejoignait lui aussi Bâevaux.

En 8 jours, nous avons perdu 203 tuâes et blessâes.

Le Commandant Clayeux prend le 28 mars le commandement du 31áeme qui vient d'effectuer des tra
vaux sur la rive droite de la Meuse.

Un deuxiáeme effort va nous ãetre demandâe.

Alertâe, le 31áeme Bataillon monte au Tunnel de Tavannes : les 5áeme et 6áeme Compagnies reláeven
t le 1er avril, avant le jour, des unitâes du 1er ; les 4 autres Compagnies, râeservâees pour un
e contre-attaque, gagnent par le Ravin des Fontaines, surnommâe « Le Ravin de la Mort , leur
s positions de dâepart.

L'attaque est pour 4h30 le 1er avril

A 4 h15, les Allemands se ruent tout áa coup sur nos Compagnies de droite qui les rejettent ap
ráes une lutte acharnâee. Puis áa l'heure prâevue, les unitâes foncent áa leur tour sur leurs objec
tifs. La droite y parvient rapidement. Accueillies par un barrage de grenades, prises d'âechar
pe par les mitrailleuses de Vaux-Village, les Compagnies de gauche sont plaquâees au sol ; imm
âediatement assaillies elles-mãemes, manquant de grenades, elles sont ramenâees áa leurs tranchâee
s dont elles perdent une partie malgrâe leur râesistance dâesespâerâee.

L'adjudant Reynaud (Sous-Lieutenant depuis quelques heures) est tuâe, alors qu'en bras de chem
ise, áa la tãete d'une sape, dâepourvu de munitions, il crible les assaillants de pierres ou d
e grenades allemandes non âeclatâees.

Flâechissement rapidement redressâe : des âelâements du 158áeme R.I. et du Bataillon rejettent l'e
nnemi áa la baèionnette et reprennent la tranchâee.

Pas de râepit dans la lutte.

A 16 heures, autre tentative acharnâee. Les Grenadiers de la Garde se poussent sur nos ligne
s par vagues successives. Ils sont impitoyablement fauchâes par nos mitrailleuses avant de pou
voir aborder.

La ligne est intacte, mais la situation reste prâecaire : les grenades manquent encore, la lia
ison n'est pas râetablie, les pertes sont lourdes ; 340 hommes hors de combat dont 10 Officier
s. Enfin, une accalmie lâegáere permet, les jours suivants, de consolider la position.

Habilement relevâe dans la nuit du 7 au 8 avril, le Bataillon se regroupe áa Dugny.

A Verdun, le 31áeme n'a pas reculâe d'un pas. âEcrasâes dans les trous d'obus par l'artillerie, e
xtâenuâes de fatigue, áa peine alimentâes, tirant pâeniblement un peu d'eau croupissante de l'Etan
g de Vaux oáu pourrissaient les cadavres, les chasseurs ont nâeanmoins brisâe les efforts râepâetâe
s de l'ennemi, fauchant áa la mitrailleuse, tuant áa la grenade, accumulant les longs cadavre
s des Grenadiers de la Garde devant nos tranchâees inviolâees.


CHAMPAGNE 1916

Le Bataillon, descendu en autos, embarque le 15 áa Ligny-en-Barrois, arrive en Champagne et vi
ent finalement cantonner áa Coutault-le-Maupas

Le 4 mai, il est baraquâe au Camp du Veau-Gravâe (nord de Sommes-Tourbes),

Le 18 mai, le Bataillon est en ligne, au secteur du Bois des 105, secteur calme mais triste
, partout s'âetend la blancheur de la craie.

Deux nouvelles pâeriodes dans ce secteur, 11 au 23 juin, 6 au 10 juillet, oáu un coup de main
, âecrasâe par l'artillerie ennemie, âechoue malgrâe le courage dâeployâe. Mais le sacrifice n'a pa
s âetâe vain.

Le 149áeme, que les piáeces ennemies concentrâees sur nous n'ont guáere inquiâetâe, a pu conquâeri
r un âelâement de tranchâee et faire des prisonniers.

Le Bataillon remonte encore, au secteur de Tahure cette fois, du 16 au 24 juillet et gagne en
suite Pogny en autos.
LA SOMME. - L'ATTAQUE DU 4 SEPTEMBRE 1916

Embarquâe le 13 aoãut áa Vitry-la-Ville, le Bataillon gagne le thâeãatre de la Somme.

Il cantonne áa Harbonniáeres.

Le 22, il monte en secteur au sud-est de Soyâecourt et reconnaãit son prochain terrain d'attaqu
e.

Il en reviendra le 27 pour s'apprãeter áa l'offensive, s'exercer áa l'armement nouveau : (fusil-
mitrailleur, tromblon V. B., canon de 37).

Il remonte dans la nuit du 1er au 2 septembre. C'est dâejáa la prâeparation de l'attaque. Risqua
nt la tãete au-dessus du parapet, les chasseurs regardent tomber sur la plaine, sur les maison
s croulantes de Soyâecourt. les projectiles de tous calibres. Partout des âeclairs rouges et bl
ancs, une fumâee âepaisse et lourde, blanche ou noire. Jamais ils n'ont vu pareil tir d'âecrasem
ent. Celui-ci durera cinq jours.

Les reconnaissances et les patrouilles dâepassant la tranchâee des Gâemeaux, poussent jusqu'áa l
a tranchâee de doublement, bouleversâee et inoccupâee.

Le 3 septembre áa 20 heures, on prend le dispositif d'attaque. Le Bataillon en liaison áa gauch
e avec le 149áeme d'Infanterie, áa droite avec le 158áeme, doit attaquer en direction gâenâerale d
'Ablaincourt-Le Pressoir. Les objectifs sont connus de tous. Le 5áeme : Ablaincourt-Le Pressoi
r, ne doit ãetre attaquâe que sur l'ordre du Gâenâeral Commandant le Corps 'd'Armâee.

Le 4 au matin, on se chuchote tout bas l'heure H : 14 heures. A midi, le Commandant Clayeux
, qui observait le tir de l'artillerie, est blessâe par un âeclat d'obus et passe le commandeme
nt au Capitaine Adjudant-Major Doudeuil.

13 heures 51. - Les chasseurs sautent sur le parapet, collent aux âeclatements du barrage roul
ant ; dans sa fumâee, les quatre vagues dâeferlent sur la plaine...

Il n'y a pas de râeaction ennemie, pas de barrage qui vous âecrase et vous arrãete ! ! On avanc
e ! ! Les c¶urs un peu serrâes au dâepart se dilatent et les chasseurs, joyeux et calmes, progr
essent rapidement sur le champ d'entonnoirs jaunãatres, suivis attentivement par les lourdes s
aucisses et une nuâee d'avions franðcais maãitres du ciel. Sur la gauche, la 1áere Compagnie râedu
it, au fusil-mitrailleur, un groupe de râesistance ; sur la droite, la 4áeme, sous les feux d
e mitrailleuses, voit tomber son chef le Capitaine Derville et tous ses Officiers.

Mais partout dâefilent des prisonniers verdãatres et terreux levant les bras d'un geste machina
l. Des groupes sortant des trous font « Kamarad
s surgissent derriáere elle, essaient de mettre en batterie, niais, ahuris par l'arrivâee des v
agues suivantes qui les bousculent, ils imitent le mouvement. Ayant conquis 2.100 máetres d'u
n terrain bouleversâe, coupâe de tranchâees, couvert de cadavres, bourrâe de mitrailleuses, de mi
nes, de canons, les Compagnies de tãete, áa 14h50, atteignent le 3áeme objectif : le Boyau de Pr
unier.

Un ãilot qui râesistait áa la limite droite du secteur d'attaque se rend enfin avec 50 prisonnie
rs.

Le Bataillon, tráes en fláeche, reðcoit l'ordre de s'arrãeter ; il s'organise, râetablit les liais
ons.

L'ennemi, qui s'est repris, contre-attaque avec acharnement, nous âecrase d'un bombardement se
rrâe qui chaque jour nous coãute du monde. Mais pendant 4 jours, en dâepit de l'horrible fatigu
e et de la pluie persistante, les chasseurs lutteront et ne perdront pas un pouce de tranchâee
.

Relevâe le 9 septembre, le Bataillon descend áa Herleville, puis áa Guillaucourt, bien diminu
âe ; le 4 septembre, 8 Officiers, 229 Sous-Officiers ou chasseurs ont âetâe mis hors de combat
. Les journâees suivantes nous ont encore coãutâe 7 tuâes, dont 2 Officiers et 32 blessâes par l
e bombardement. Mais le 31áeme peut ãetre fier de son succáes : 350 cadavres jonchent le terrai
n conquis, 300 prisonniers, Grenadiers de la Garde pour la plupart, 2 piáeces lourdes (1 de 10
5 et 1 de 210), 15 minenwerfer, une vingtaine de mitrailleuses ! ! !



Pour sa magnifique conduite, le Bataillon est pour la 2áeme fois citâe áa l'Ordre de l'Armâee

« Le 31áeme Bataillon de Chasseurs áa Pied, sous le commendement du Capitaine-Adjudant-Major Do
udeuil.


rbe âelan,, toutes les organisations ennemies et prenant de haute lutte áa l'adversaire, deux c
anons et dix mitrailleuses.

S'est organisâe rapidement sur les positions conquises, a repoussâe toutes les contre-attaque
s de l'ennemi, faisant preuve d'une endurance et d'une âenergie au-dessus de tout âeloge

Par dâecision du Gâenâeral Commandant en Chef, le Bataillon a droit au port de la Fourragáere.




ours 21 tuâes - dont un officier - 61 blessâes.

Dans la nuit du 18 au 19, il descend áa Framerville et gagne en camions Harbonniáeres, oáu le Co
mmandant Clayeux vient le 14 octobre, reprendre son commandement.

Redescendant dans l'intervalle áa Harbonniáeres, le Bataillon passe encore trois pâeriodes au se
cteur de Bovent, au sud-ouest de la Sucrerie, par une pluie glaciale, dans la boue et dans l'
eau, sous un bombardement incessant.

Les journâees sont âepuisantes et meurtriáeres.



Du 16 au 23 octobre, les pertes s'âeláevent áa 6 tuâes

Du 29 au 7 novembre 14 tuâes 44 blessâes

Du 10 au 18 novembre 28 tuâes 64 blessâes



Relevâe par le 21áeme Râegiment d'Infanterie, le Bataillon est transportâe en autos, le 18 novemb
re, áa Troissereux et villages environnants, oáu les chasseurs peuvent enfin goãuter un repos bi
en gagnâe.

Ramenâe par autos áa Harbonniáeres, il en repart le 22 dâecembre, embarque dans l'Oise, le 26, e
t dâebarque áa Lure. Pendant un mois, cantonnâe áa Gouhenans et les Aynans, il manoeuvre au cam
p de Villersexel. Puis il gagne par âetapes Rechesy et Courtelevent oáu il exâecute une sâerie d
e travaux, le long de la frontiáere suisse.

Le 20 mars, il regagne Gouhenans, par des marches de nuit.

Les 12 et 13 avril, il embarque áa Montreux-Vieux, dâebarque le 14, áa Montmirail et vient canto
nner áa Viels-Maisons, Craly, Villiers-sur-Marne, Pavant.

Le 23 avril, le gâenâeral Fayolles passe en revue la division et remet officiellement la fourra
gáere au Bataillon.

Le 28 avril, on cantonna áa Montreuil-aux-Lions, d'oáu l'on gagne Ciry-Salsogne, dans l'Aisne
, et le 30 mai, le Chemin-des-Dames.


L'AISNE - 1917 - LE Chemin des dames

Le Bataillon occupe un secteur au nord d'Aizy ; deux compagnies et une compagnie de mitraille
uses sont accrochâees au plateau, face au fort de la Malmaison, leurs râeserves sont aux carriáe
res ouvertes du Mont des Roches et du Mont Sans-Pain ; le P.C. et le reste du Bataillon, sâepa
râes des lignes par un ravin durement bombardâe, sont áa la vaste carriáere souterraine du Projec
teur. L'organisation du secteur nouvellement conquis est áa peine âebauchâee. Les tranchâees arri
vent áa la ceinture, peu de fils de fer, pas de boyaux. L'artillerie ennemie est puissante e
t tráes active. Chaque matin áa l'aube, un avion « Fantomas
le. C'est que l'ennemi ne s'est pas encore râesignâe áa la perte de ces formidables positions qu
'il essaiera tout l'âetâe de nous reprendre.

Dans la nuit du 15 au 16, le 31áeme relevâe par le 1er Chasseurs, redescend áa Ciry-Salsogne.

Remontâe le 27 juin, il subit une sâerie de tirs de râeglage qui fait prâevoir une attaque.

Elle se produit le 8 juillet, apráes une heure de prâeparation violente. L'ennemi aborde la lig
ne áa notre droite oáu il progresse; accueilli áa la grenade, il âechoue compláetement sur le fron
t de notre premiáere compagnie. Láa un crochet dâefensif rapidement organisâe permet de fusille
r les assaillants sur la droite. Une contre-attaque vigoureuse râetablit la situation du voisi
n, bouscule l'adversaire et lui fait des prisonniers. Les Gâenâeraux de Division et de Corps d'
Armâee du secteur de droite fâelicitent le Bataillon pour sa belle attitude.

Toujours sous la menace d'une attaque nouvelle, par le mauvais temps qui survient, il faut en
suite remettre en âetat les tranchâees dâemolies. Le Bataillon en âeprouve un surcroãit de fatigu
e considâerable. Il est relevâe áa bout de forces.

Durant les pâeriodes suivantes, du 21 au 28 juillet et du 14 au 27 aoãut, mãeme râegime intermitt
ent de calme et de violents bombardements par obus, par torpilles, par projectiles áa gaz, qu
e signalent les siráenes dont la plainte lugubre nous fait tressaillir au plus profond des cre
utes.

Le 25 aoãut, le Bataillon exâecute sur les lignes ennemies tenues par la Garde (Râegiment Elisab
eth), un raid audacieux qui lui vaut les fâelicitations du Gâenâeral de Division.

Redescendu áa Billy, Septmonts, Le Carrier, il remonte pour effectuer des travaux, puis pren
d áa Condâe des camions qui le conduisent áa Orrouy, oáu il man¶uvre avec les chars d'assaut.


L'ATTAQUE DE LA MALMAISON : octobre 1917

Transportâe en autos áa Chaudun, le Bataillon y râepáete la prochaine offensive.

Le 16 octobre, il est ramenâe áa Billy et, le 17, il gagne par fractions successives son secteu
r d'attaques.

Les chasseurs sont confiants. Ils sont montâes dans la nuit illuminâee d'âeclairs blancs et roug
es ; ils ont entendu les coups assourdissants de nos piáeces de 400, des canonniáeres, des trai
ns-blindâes ; ils ont vu dans tous les ravins, dans tous les boqueteaux, áa dâecouvert ou sous d
es camouflages, les batteries innombrables qui prâepareront l'action 6 jours durant.

Ils croisent dâejáa des dâetachements de prisonniers.

Une partie du Bataillon est en ligne, et, du 20 au 22 octobre, il pousse des reconnaissance
s dans les premiáeres tranchâees ennemies, retournâees et abandonnâees.

Le 22, áa minuit, en place dans leurs paralláeles de dâepart, sur le Plateau des Marraines, le
s chasseurs attendent impatiemment le moment, dâejáa deux fois retardâe, de se prâecipiter sur le
urs objectifs

La Ferme de la Malmaison,

La tãete du ravin de Chavignon oáu l'on doit s'arrãeter.

Deux compagnies sont en premiáere ligne : 3áeme áa gauche, 2áeme áa droite ; la 4áeme aidâee de sect
ions « Z
euses âechelonnâees ; 5áeme et 1áere Compagnies en râeserve.

Une grande heure avant l'attaque, un bombardement violent s'abat sur notre ligne, cause des p
ertes, casse des mitrailleuses. L'âevâenement ne se produit pas moins áa l'instant fixâe.

A 5 h15, les vagues se profilent sur le terre-plein, s'enfoncent dans la nuit noire, traverse
nt un dur barrage ennemi, puis collent au rideau de feu de notre barrage roulant que ponctuen
t les fusâees-signaux.

Dans l'embrasement des explosions, les chasseurs ont aperðcu les murs âecroulâes de la ferme. Fr
anchissant en hãate le terrain chaotique, les boyaux nivelâes, ils abordent la tranchâee du Hâeri
sson oáu ils bousculent et capturent des mitrailleurs ennemis, puis atteignent leur objecti
f : la Malmaison ; les compagnies de tãete bordent le ravin.

Dans le jour naissant, gris et pluvieux, le fanion du Bataillon flotte sur les dâecombres, e
t malgrâe le feu des mitrailleuses qui tirent de Montparnasse, on nettoie les abris, on organi
se les abords, mais la crãete, sous la ferme, est vivement dâefendue ; plusieurs des nãotres son
t dâejáa âetendus áa l'entrâee ; les lance-flammes n'obtiennent pas de râesultats, les sapeur
s « Z

Pendant ce temps, dans un ronflement sonore, passent nos obus de 400, qui continuent d'âecrase
r les carriáeres Montparnasse.

L'avion, de division, traversâe par un obus, s'enflamme, atterrit et capote sur la gauche du b
ataillon ; les aviateurs filent sous les rafales de mitrailleuses pendant que l'appareil flam
be.

On ne perd pas de vue la garnison de la Creute dont les entrâees sont âetroitement bloquâees. Ce
tte garnison se rend enfin áa 9 h.50 ; deux compagnies de la Garde, 4áeme Râegiment « August
a , Officiers et Chef de Bataillon en tãete passent devant les chasseurs, tandis que par un pi
geon voyageur trouvâe dans la creute, on avertit les Allemands que le 4áeme Râegiment de la Gard
e est tout entier prisonnier.

Au mãeme moment, le 1er Bataillon dâepasse le 31áeme pour continuer le mouvement sur les carriáer
es Montparnasse et Chavignon.

Jamais le champ de bataille ne fut plus animâe ; de tous cãotâes, les prisonniers affluent - áa l
a Bascule, venant de Montparnasse, ils dâefilent en longues colonnes ; áa droite, sortis du for
t de la Malmaison, ils se profilent sur les crãetes ; áa gauche, oáu les tanks du 149áeme les on
t dâelogâes du Bois.

Les chasseurs sont transportâes d'enthousiasme. Le nettoyage de la creute est soigneusement po
ursuivi. Les 1áere et 5áeme Compagnies gagnent les carriáeres Montparnasse, en soutien du 1er Ba
taillon.

Cette journâee du 23 nous a coãutâe 41 tuâes, dont 3 Officiers et 147 blessâes.

Le 24 octobre, on s'organise ; et le 25, alors qu'on s'attendait áa relever en 1áere ligne, l'o
rdre de pousser en avant nous arriva soudain áa 16 heures.

Le temps de sortir des carriáeres, puis le Bataillon tout entier, en colonne par un, descend f
ace áa l'ennemi vers Chavignon, par la grande route de Maubeuge.

Les chasseurs avancent au milieu des arbres abattus, des voitures, des canons brisâes, des cad
avres de chevaux gonflâes et noirs, puis voient s'âetaler áa leurs pieds, la plaine marâecageus
e de l'Ailette, le village de Bruyáeres ; et juste en face, entre deux collines sombres, Laon
, tout proche, se dresse sur sa montagne.

Surpris, l'ennemi a laissâe passer les compagnies de 1áere ligne (1áere, 5áeme,2áeme). A la Sapini
áere seulement, elles sont prises sous un violent tir de barrage, tandis que les obus de gro
s calibre commencent de s'abattre sur les râeserves.

On aborde Chavignon dans le fracas et la fumâee des 150, on le traverse et... « En Avant..
. , sans souffler, les Compagnies dâeployâees partent, comme áa la man¶uvre, sur le sol marâecage
ux oáu l'on s'enlise. La 5áeme
llage de Bruyáeres malgrâe les mitrailleuses, capturent ou tuent les Allemands qui sortent de
s caves; au mâepris des groupes qui râesistent encore, avec une poignâee d'hommes, le Capitain
e pousse jusqu'au canal et occupe le pont de l'âEcluse.

Les Compagnies des ailes, áa gauche la 1áere, áa droite la 2áeme, qui a dãu repousser une contre-a
ttaque, se portent áa l'alignement, capturent des prisonniers ; Cependant que la 5áeme, sautan
t áa la gorge de mitrailleurs et de ravitailleurs qui abordent le pont, augmente d'autant le c
hiffre de ses prises.

Dans un superbe âelan, en rase campagne, le Bataillon, áa peine soutenu par quelques piáeces d'a
rtillerie, attaquant seul, en plein jour, a franchi deux kilomáetres et bordâe l'Ailette. Les p
ertes s'âeláevent áa 8 tuâes, dont un Officier, 97 blessâes ; mais le chiffre des prisonniers dâepa
sse largement 100, et 11 canons sont tombâes entre ses mains.

Le 27, le 1er Bataillon prend les premiáeres lignes et le 31áeme revient en râeserve aux carriáer
es Montparnasse.

Relevâe dans la nuit du 29 au 30, par le 410áeme d'Infanterie, il est enlevâe en autos et va can
tonner áa la Chapelle-Vâeronges.

A Soissons, le Gâenâeral Maistre, Commandant l'Armâee, passe une revue áa laquelle assistent le
s drapeaux et les fanions des unitâes, les Chefs de Corps, les dâecorâes sur le Champ de Bataill
e.



Le 24 novembre, le Bataillon est pour la 3áeme fois, citâe áa l'Ordre de l'Armâee

« Corps d'âelite qui vient de donner encore une fois la mesure de sa valeur. Le 23 octobre 191
7, sous les ordres du Chef de Bataillon Clayeux, a enlevâe un secteur de la premiáere positio
n ennemie particuliáerement bien dâefendu, râeduisant apráes un corps áa corps de trois heures, u
n centre de râesistance dâefendu par un Bataillon qui fut entiáerement dâetruit ou fait prisonnie
r, prenant 13 canons dont 10 lourds et un matâeriel considâerable. A complâetâe son succáes, le 2
5 octobre, en effectuant une nouvelle progression au cours de laquelle il a fait, dans de bri
llants engagements, plus de 100 prisonniers appartenant áa 4 corps diffâerents


LES VOSGES.1918

Embarquâe le 5 dâecembre áa la Fertâe-Gaucher, le Bataillon gagne la Haute-Saãone : Montjustin, Au
trey-les-Serres. De láa, suivant la vallâee du Doubs, il se rend par âetapes áa Seloncourt oáu i
l sâejourne jusqu'au 26. Il est passâe en revue par le Gâenâeral de Boissoudy, Commandant l'Armâee
, qui le fâelicite pour sa belle tenue. Le 26, nouveau dâeplacement, nouveau cantonnement : Bea
ulieu, Voujeaucourt et Dampierre.

Le 18 janvier, il est transportâe par chemin de fer áa Bruyáeres ; le 24, il occupe le secteur d
e la Chapelle-Sainte-Claire et Combrimont, áa cheval sur la vallâee de la Fave. Le coin est tra
nquille, sous les pins ; áa l'exception toutefois du ravin de Graingoutte oáu les torpilles d
e 360 ne cessent de tomber, et du Bâenitier, oáu l'ennemi tente, sans pouvoir dâeboucher, un cou
p de main le 26.

Du 19 fâevrier au 16 mars, le Bataillon cantonne áa la Croix-aux-Mines et Coinches. Remonte, e
n secteur, il est brusquement relevâe le 2 avril, passe quelques jours áa Brouvelieures et s'em
barque áa Bruyáeres le 13. Dâebarquâe áa Orrouy, il est le 27 avril, áa Compiáegne, constamment bomb
ardâe par les avions : en une nuit, 11 tuâes et 8 blessâes.

Les Compagnies cantonnent alors dans les caves du Chãateau ou dans la Forãet.

Sur la Place du Palais, le Commandant Clayeux reðcoit la Croix d'officier de la Lâegion d'honne
ur.

Le 20 mai, le Bataillon revient dans la râegion d'Orrouy pour man¶uvrer avec les chars d'assau
t. Il reðcoit les fâelicitations du Gâenâeral Degoutte, Commandant le Corps d'Armâee.


RETRAITE DE L'AISNE

Le 27 mai, le Bataillon qui se trouve dans la râegion Morienval-Fresnoy est alertâe et part e
n camions sous le commandement du Capitaine de Rohan-Chabot. Le Commandant Clayeux, alors e
n permission, rejoindra le 29.

Dâebarquâe le 28 mai, áa Arcy-Sainte-Restitue, Il doit aussitãot se dâeployer : l'ennemi n'est plu
s qu'áa quelques kilomáetres. Puis, en râeserve de division, il s'âetablit entre Loupeigne et Bra
nges, sur un front de quatre kilomáetres oáu il est violemment assailli le soir mãeme. C'est l
a ruâee puissante qui se hãate, se jette áa 5 contre 1 sur toute la ligne, puis fonce au point q
ui cáede pour tourner les âelâements solidement ancrâes au terrain.

Le 28 au soir, le groupe des 2áeme et 4áeme Compagnies subit un choc tráes rude : la 4áeme ne rej
oindra que deux jours apráes ; encerclâee dans un village par deux bataillons ennemis, munis d
e lance-flammes, la 2áeme luttera tout un jour, puis succombera apráes avoir brãulâe toutes ses c
artouches.

Cruellement âeprouvâe, le Bataillon reðcoit l'ordre de se replier.

Ainsi, jusqu'au 1er juin, sans repos ni sommeil, manquant parfois de vivres et de munitions
, il accrochera ses Compagnies squelettes aux positions successives, se dâebattra sous des env
eloppements râepâetâes, âechappera chaque fois áa l'âetreinte, puis se râetablira obstinâement apráe
s avoir transportâe sur des kilomáetres ses blessâes et son matâeriel. Branges, Loupeine, le Boi
s de Veux, Saponay, La Poterie, Coincy, Grisolles, le Bois de Bonnes, sont les points que l
e 31áeme dut abandonner l'un apráes l'autre, sur ordre, apráes une râesistance opiniãatre.

Mais les replis s'effectuent chaque fois en bon ordre et, devant les positions qu'on cáede, s'
alignent les cadavres allemands.

Dans la nuit du 31 mai au 1er juin, le Bataillon passe en râeserve ; mais c'est pour ãetre repo
rtâe en ligne, áa Licy-Clignon, le 1er vers 14 heures ; puis le 2 áa 19 heures, áa 2 kilomáetres a
u nord de Champillon, áa l'aide du groupement Michelin violemment attaquâe, et dont la droite c
ompláetement en l'air est dangereusement menacâee. Toute la nuit, les reconnaissances profonde
s et l'âetablissement rapide des Compagnies âechelonnâees du 31áeme combleront láa le vide existan
t dans la ligne, vide singuliáerement troublant devant un ennemi qui fonce.

Râeduit áa 200 combattants áa peine, recru de fatigue, le Bataillon, relevâe le 5 juin, va canton
ner áa la Trousse-Crâepoil, oáu il creuse des tranchâees de deuxiáeme position.

Jetâes en plein combat en descendant de camions, les chasseurs ont accompli avec un hâeroèisme
, une abnâegation et une âenergie physique extraordinaires leur dure mission de sacrifice qui r
etardait pendant cinq jours, l'avance d'un ennemi d'une supâerioritâe numâerique âecrasante, et p
ermettait le râetablissement sur un front nouveau.

Ils ont âetâe forcâes de reculer, mais ils n'ont pas âetâe vaincus ; ils en ont pleinement conscie
nce et ils attendent impatiemment la revanche sãure et prochaine.
CHAMPAGNE.


e morne secteur de Champagne, occupent deux positions en profondeur, la premiáere áa Tahure, l
a seconde vers Perthes.

Le 23 juin, le Commandant Clayeux quitte le Bataillon dont le Chef de Bataillon Lambert pren
d le commandement. Un raid par surprise, d'une audace inouèie, exâecutâe dans la nuit du 2 juill
et, n'a pas donnâe de râesultats ; mais le 9 juillet, dans un brillant coup de main, la 3áeme Co
mpagnie fait des prisonniers.
L'ATTAQUE ALLEMANDE DU 15 JUILLET 1918


s spâeciales ont âetâe prâevues et sont mises áa exâecution dans la nuit du 13 au 14 ; Dans la 1áer
e position qui sera âecrasâee par les minen, tous les abris sont ypâeritâes, et on n'y maintien
t que des âelâements sacrifiâes qui signaleront la sortie de l'ennemi et le forceront áa se dâeplo
yer. La vâeritable ligne de râesistance sera la position intermâediaire oáu les troupes ont l'ord
re de ne pas reculer et de râesister jusqu'áa la mort.

« Aux Entonnoirs , en avant de Perthes, le Bataillon occupe cette position. Dans la nuit du 1
4 au 15 juillet, áa 23h30. notre contre-prâeparation se dâeclenche brusquement. La prâeparation e
nnemie, brutale, serrâee, commence peu apráes : obus de tous calibres, obus áa gaz áa profusion âe
crasent nos lignes ou noient les ravins.

Au petit jour, fermes áa leurs emplacements de combat, les chasseurs attendent l'ennemi ; áa le
urs pieds, le ravin de Marmara est noyâe dans la fumâee, mais la crãete en face apparaãit netteme
nt.

Tout áa coup, aux âelâements avancâes, les fusâees jaillissent, les mitrailleuses crâepitent.

C'est l'ennemi, dont on suit ainsi la marche pas áa pas.

A 5 h30, sur la gauche du Bataillon, derriáere un barrage roulant d'obus de gros calibre, deu
x tanks surgissent áa la crãete, âenormes et redoutables. Les vagues d'infanterie les suivent. C
elles-ci sont fauchâees par les mitrailleuses, et des âelâements qui s'infiltrent par les vieu
x boyaux sont arrãetâes par des barrages de grenades V.-B.; un des chars est en panne áa la Four
che du Trou Bricot et l'autre, atteint par une piáece anti-tanks, brillera jusqu'áa 10 heures d
ans une fumâee pourpre, áa la joie des chasseurs qui respirent plus librement.

Sur la droite, l'attaque ennemie est âegalement arrãetâee par nos feux. Mais la lutte n'est pa
s finie ; il y aura quelques heures d'une angoisse infinie. Au centre du Bataillon, un fort g
roupe ennemi force le boyau Duchet, fonce rapidement, dâepasse la ligne de soutien derriáere la
quelle il fait sa jonction avec un autre groupe d'assaillants heureux venus du secteur áa droi
te du 31áeme, oáu ils ont enlevâe le village de Perthes.

A droite, nos 1áere et 3áeme Compagnies sont compláetement encerclâees. A gauche, nos âelâements qu
i tiennent quand mãeme ont l'ennemi áa dos áa 1.200 máetres. Les Allemands nous ont pris du mond
e et croient áa leur succáes : il sera de peu de durâee.

Les compagnies encerclâees demeurent inâebranlables, enracinâees au sol ; les fractions de râeser
ve contre-attaquent tãete baissâee, rejettent l'ennemi sur Perthes, puis joignent la 1áere Compa
gnie apráes avoir fait des prisonniers. La 3áeme,
e áa son tour l'adversaire, nettoie le village de Perthes oáu elle capture des hommes et des mi
trailleuses. Enfin, les unitâes râetablies poussent devant elles des patrouilles audacieuses, q
ui râetablissent partout la liaison et tirent des mains des Boches une vingtaine des nãotres.

A 15 heures, le danger âetait conjurâe, la ligne solide, l'Allemand vaincu. Il nous restait com
me trophâees, 70 prisonniers dont plusieurs officiers.

Des actes de bravoure magnifiques ont âetâe accomplis :

Le Chasseur Jeanpierre, seul, rencontre dans un boyau 15 ennemis. Sens hâesitation, il saut
e áa la gorge du premier. Stupâefiâes, les autres font « Kamerad .

Le Chasseur Lacoste, d'une bravoure lâegendaire, est tuâe, alors que debout sur le rebord d'u
n boyau, avanðcant dans les balles, il cherche áa capturer un groupe ennemi.

Le 18 juillet, on attaque l'ennemi fixâe au terrain ; par les boyaux, la 1áere Compagnie progre
sse : une de ses Sections perd deux tuâes, treize blessâes, mais son Chef et ses chasseurs sang
lants ramáenent 27 prisonniers, dont un Officier ; une Section de la 5áeme Compagnie capture de
s prisonniers, deux mitrailleuses, s'empare du carrefour York-Duchet, oáu elle se maintiendr
a malgrâe toutes les contre-attaques.

Le 23 juillet, le Bataillon relevâe descend au Camp Courtes.



Pour sa belle dâefense, la 1áere Compagnie est citâe áa l'Ordre de la Division :

« Superbe Compagnie, pleine d'entrain et d'esprit de sacrifice. Le 15 juillet 1918, sous l'âen
ergique commandement de son Chef, le Capitaine Daniel, a. maintenu intâegralement l'occupatio
n du terrain qui lui âetait confiâe, brisant une attaque des plus puissantes et appuyâee d'un bo
mbardement extrãemement violent. Prise áa revers par l'ennemi qui avait râeussi áa pâenâetrer dan
s les organisations franðcaises et compláetement encerclâee, a repoussâe pendant plus de 6 heures
, les assauts furieux de l'adversaire en lui faisant subir de lourdes pertes. A ensuite puiss
amment contribuâe au succáes de la contre-attaque qui est venue la dâelivrer et râetablir compláet
ement la ligne de râesistance fixâee áa l'avance par le commandement .



On a saisi sur les Officiers prisonniers, une note dont les Chasseurs âecoutent la lecture ave
c un sourire narquois. Cette note dâeclare que la 43áeme Division - bonne division d'attaque fr
anðcaise - tráes durement âeprouvâee dans l'Aisne, a âetâe mise en Champagne pour se refaire et n
e peut pas offrir une râesistance sâerieuse ! ! !

Ils l'ont vu ! ! !

Le Gâenâeral Gouraud fâelicite le Corps d'Armâee pour sa dâefense inâebranlable et offre áa Chãalons
, aux dâecorâes sur le Champ de Bataille, un banquet grandiose.

Le 25 juillet, le Bataillon est áa nouveau en secteur, en deuxiáeme position ; le 31 juillet, e
n premiáere position, dans le râegion du Mesnil.

Le 1er aoãut, dans un coup de main magnifiquement menâe, il fait des prisonniers.

Le 11, le Bataillon redescend au camp Courtáes oáu le Gâenâeral Naulin le passe en revue, tandi
s qu'une dâelâegation dâefile áa Chãalons.
ATTAQUES DE SEPTEMBRE 1918 : ORFEUIL.

En septembre, le Bataillon s'entraãine activement, puis il repart áa l'attaque. Il est, le 23
, sur ses positions de dâepart, au centre de râesistance « Arras

Dans l'offensive gâenâerale, l'armâee de Champagne a une mission tráes dure : elle doit s'empare
r du secteur organisâe par excellence, de cette plaine et de ces monts de Champagne, de ces cr
oupes dâenudâees et blanches. on grises sous leurs pins rabougris, hâerissâees de fils de fer, si
llonnâees de tranchâees, fourmillant de mitrailleuses, de mines, de canons, creusâees de taniáere
s profondes, bourrâees d'hommes. Mais les vainqueurs du 15 juillet savent que cette tãache n'es
t pas au-dessus de leurs forces et c'est vibrants d'enthousiasme qu'ils âecoutent l'ordre d'of
fensive gâenâerale, lancâe aux armâees par le Commandant en Chef.

Debout sur les parapets, exultants de joie, ils contemplent le grandiose prâeparation d'artill
erie qui, dâeclenchâee le 25 áa 23 heures, avec ses lueurs fantastiques, son grondement immense
, transforme brusquement une nuit paisible en nuit d'apocalypse.

Le 26 septembre, áa 5h25, les chasseurs dâemarrent, impatients du moment oáu le Mont Murret, sub
mergâe par le 1er
ectif « La Pince , au nord de la voie ferrâee de Challeranges áa Somme-Py. On avance dans le br
ouillard, longeant les boyaux pour conserver la direction, capturant des âelâements de râesistan
ce et des mitrailleuses qui surgissent de leurs abris profonds. Enfin, le 1er Bataillon a enl
evâe le Mont Murret ; le 31áeme le dâepasse, et dans un âelan splendide, malgrâe les feux de mitra
illeuses et la râesistance de l'ennemi, les âelâements avancâes atteignent áa 11 heures la voie fe
rrâee. On a pris 233 prisonniers, des chevaux et des mitrailleuses.

L'ennemi se ressaisit vite ; áa 16 heures, dans une contre-attaque puissante, il met áa rude âep
reuve nos Compagnies de 1áere ligne, dont l'une perd trois Chefs de Section.

Le lendemain 27, l'attaque est pour 5 h25. Les unitâes de tãete s'âelancent, font un bond, pui
s sont plaquâees au sol par les mitrailleuses.

On fait appel aux tanks.

A 9h10, au milieu de nos vagues, trois sections de chars roulent, tanguent, tirent, dâetruisen
t ou terrifient les mitrailleurs ennemis. Le Bataillon progresse áa toute allure, fait 237 pri
sonniers dont 9 officiers du 31áeme Râegiment. Un peu plus tard, nouvelle râesistance opiniãatre
, nouvel appel aux chars ; apráes quoi, une avance alerte nous amáene áa point nommâe sur un râegi
ment de la garde qui dâebarque des camions. Vivement abordâes, les Grenadiers s'affolent, et bi
entãot de ces guerriers farouches, on ne voit que les dos immenses filant sous les pins raboug
ris.

A 11h30, on est au Bois du Bouc, l'objectif assignâe.

Le 28 septembre, la 13áeme Division dâepasse la 43áeme

Le Bataillon revient en ligne le 3 octobre pour attaquer Orfeuil. le village est garni de mit
railleuses invisibles. Pour l'aborder, il faut dâevaler une pente tráes battue, puis remonter u
n long glacis compláetement rasâe par les feux de l'ennemi. Devant les murs âepais, sous les tir
s áa courte distance, les tanks eux-mãemes perdront, leur avantage.

On attaque râesolument quand mãeme.

Le 3, deux Compagnies s'âelancent successivement avec des chars ; dâecimâees, elles s'accrochen
t au sol, sous les nappes de balles qu'elles ne peuvent franchir.

Le lendemain, deux autres Compagnies repartent áa l'assaut apráes une courte prâeparation d'arti
llerie. Comme le veille, le glacis fatal fauchera l'âelan des chasseurs, accumulera les mort
s et les blessâes. Un peu plus tard, une tentative pour dâeborder le village âechouera sous le
s mãemes coups.

L'hâeroèisme le plus admirable est impuissant contre des mitrailleuses intactes, en action.

Si Orfeuil eãut pu ãetre enlevâe les 3 et 4 octobre, il l'eãut âetâe par le 31áeme. Le nombre de se
s morts accrochâes eu glacis, l'opiniãatretâe des fractions squelettes qui s'ancraient au terrai
n sous les rafales de balles, tâemoignent de sa rude audace et de son esprit de sacrifice tota
l.

Le Caporal Jeanpierre, un hâeros du 15 juillet, avait eu dans l'un des assauts du 3, une attit
ude d'une particuliáere beautâe. Exaspâerâe d'ãetre clouâe sur place par les coups d'un ennemi invi
sible, m

Relations directes :

Enfant de :

Genre THOLANCE Maxime (1856 / 1923) 
Genre MALLINJOD Marie (1865 / 1943) 


Parent de :

Parent de :

Aucune relation de ce type référencée dans la base


Conjoint(e) de :

Conjoint(e) de :

Aucune relation de ce type référencée dans la base